( Articole publicate de ziarişti francofoni acreditaţi în China. Articol apărut în 06 decembrie 2020.)
Cinq jours après avoir signé le plus large accord de libre-échange au
monde, le « partenariat
régional économique global » (RCEP) avec 14 autres pays d’Asie-Pacifique (sans l’Inde)
le 15 novembre, le Président Xi Jinping créait la surprise au forum de l’APEC en déclarant envisager «
activement » de rejoindre le « partenariat transpacifique global et
progressiste » (CPTPP) rassemblant l’Australie, la
Nouvelle-Zélande, le Canada, le Japon, Singapour, la Malaisie, le Vietnam, le
Chili, le Mexique, le Pérou et Brunei, signé en janvier 2018.
Le
CPTPP est le successeur du partenariat transpacifique (TPP), qui avait
été initié par l’administration Obama (sous laquelle Joe Biden était vice-président)
dans le but d’endiguer la montée en puissance chinoise dans la région
Asie-Pacifique, avant que le Président Trump ne retire les États-Unis en 2017.
Sur
les réseaux sociaux, certains internautes chinois comparaient la situation à
l’empire napoléonien rejoignant une coalition anti-française…
Pourquoi la Chine est-elle donc intéressée par un pacte commercial
initialement conçu contre elle ? Les médias officiels y voient une « branche
d’olivier » tendue à l’administration Biden.
Mais cela s’apparente plutôt à un affront fait aux États-Unis, la Chine déclarant son intérêt pour un pacte
que les USA avaient abandonné et qu’ils ne se sont vraisemblablement pas prêts
de réintégrer dans un futur proche – démocrates comme républicains étant majoritairement opposés à l’idée que Washington rejoigne l’accord. Pour
Pékin, intégrer le CPTPP serait aussi le meilleur moyen de contrer les
plans des États-Unis, en les « encerclant » économiquement.
Cela
fait des mois que la Chine réfléchit à se porter candidate au CPTPP. En mai
dernier, le premier ministre Li Keqiang était le premier à exprimer l’intérêt de
son pays à rejoindre le pacte. Mais l’investiture du prochain président
américain approchant à grands pas, c’était en quelque sorte « le moment ou jamais »
pour la Chine de se positionner, et l’occasion de se présenter en championne du
multilatéralisme, enhardie par le succès du RCEP. Poursuivant sur sa lancée, la
Chine devrait redoubler d’efforts d’ici le 20 janvier pour espérer conclure des
accords économiques et commerciaux avec d’autres blocs et partenaires,
notamment le traité d’investissement avec l’Union Européenne et l’accord trilatéral de
libre-échange avec le Japon et la Corée du Sud.
Même
si certains critères ont été assouplis de manière à accommoder certains membres
comme la Malaisie, Singapour et le Vietnam, le CPTPP est nettement plus ambitieux que
le RCEP, notamment en matière environnementale, de droit du travail, de
transparence… Autant d’aspects sur lesquels la Chine s’est toujours refusé de
négocier jusqu’à présent. Surtout, pour rejoindre le CPTPP, il faudrait que la
Chine mette un terme aux privilèges accordés à ses entreprises d’État.
« Certains affirment que la Chine
ne peut pas répondre aux exigences du CPTPP, c’est absolument infondé »
déclarait Long Yongtu,
qui avait négocié pendant 10 ans l’entrée de la Chine à l’OMC en 2001.
« Si le Vietnam et Singapour
peuvent y arriver, pourquoi pas la Chine » ? L’ancien
négociateur y voit un moyen d’accélérer la réforme des entreprises d’État, sujet
litigieux qui bousculerait de nombreux intérêts au sein du Parti. Seulement,
près de vingt ans après l’entrée de la Chine à l’OMC, l’impression qui domine
chez les partenaires étrangers est celle d’une Chine qui a tendance à
interpréter les règles du commerce international à sa façon… Difficile de ne pas
s’imaginer un scénario similaire avec le CPTPP, promettant des concessions pour
y entrer, puis s’arrangeant avec les règlements par la suite.
Quoi qu’il en soit, cette déclaration de Xi Jinping met en lumière le double discours que tient Pékin – que l’on peut interpréter comme une tentative de concilier tous les bords au sein du Parti. D’un côté, la Chine prône la libéralisation des échanges et promet davantage d’ouverture de son marché. De l’autre, elle ambitionne de rendre ses entreprises d’État « meilleures, plus grosses et plus fortes », accentue son contrôle sur le secteur privé, met au point sa stratégie de circulation duale donnant la priorité à son marché domestique, et entretient des relations à couteaux tirés avec certains membres du CPTPP tels que l’Australie et le Canada… Mais pourra-t-elle continuer à maintenir l’ambiguïté encore longtemps ?
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